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samedi 18 juillet 2015

Firestarter. Rome, 18 juillet 64.

Portrait de l'empereur Néron
Gravure sur cuivre - 1638
Rubens / Paulus Pontius
Österreichische Nationalbibliothek
Et l'homme du jour est... l'inénarrable empereur Néron (54 à 68 ap.JC). Neveu de Caligula et orphelin de père à trois ans, il fut poussé au pouvoir par sa mère, la délicieuse Agrippine, qui "joignait à une grande beauté l'esprit le plus artificieux, les moeurs les plus dissolues et une froide cruauté". A force de machinations et d'empoisonnements, elle parvient à éliminer son second époux, l'empereur Claude, ainsi que Britannicus, l'héritier naturel.

Autant dire que le petit Néron avait de qui tenir et qu'une fois parvenu au pouvoir, il s'en donna à cœur joie. Il sut combler jusqu'à plus soif ses désirs (et nécessités) de vengeance ainsi que son goût immodéré du luxe, ainsi qu'une nette tendance à la cruauté gratuite. Mais la biographie de notre joyeux tyran, à la popularité pourtant bien établie, n'est pas ici notre propos... Pour en apprendre davantage sur l'homme et ses actes de bravoures (ou pas) je vous conseille, notamment, la lecture de cette page

Non, le véritable sujet de cet article est une commémoration. Celle d'un bien triste événement ma foi, puisqu'il fit des milliers de victimes et qu'il dévasta une grande partie de la Ville Éternelle, je veux bien sûr parler du célèbre incendie de Rome, qui démarra au jour du 18 juillet 64 ap. JC pour ne s'achever que six jours plus tard. Si l'épicentre de l'incendie se situe apparemment dans une petite boutique du mont Palatin, le vent a tôt fait de répandre et de gonfler les flammes qui rongent près d'un tiers de la ville sous les hurlements incessants des fuyards (voir la description de l'événement faite par Tacite dans les Annales). [Autant vous dire que niveau canicule, nos températures actuelles c'est de la rigolade à côté de ce gigantesque barbecue antique].

L'incendie de Rome, Hubert Robert (1733-1808)
Vers 1770 - 1790
Huile sur toile - 75,5 x 93 cm
© MuMa Le Havre / Florian Kleinefenn
Rome ne s'est pas (re)faite en un jour. Palais, bâtiments publics, monuments en tous genres et insulae furent progressivement reconstruis. Néron profita de l'occasion/eu l'opportunité de/se dit que finalement c'était peut-être une bonne idée de se faire construire une nouvelle résidence, la Maison Dorée ou Domus Aurea, dont les vestiges ne furent redécouverts qu'au début du XXe siècle.
Pour une présentation plus approfondie de la Domus Aurea, je vous conseille le visionnage de ce documentaire (en italien) présentant une reconstitution en 3D du bâtiment : 


Je vous invite également à parcourir le site Web consacré au chantier de restauration du palais : 


Mais l'histoire ne s'arrête pas à ces considérations architecturales et urbanistiques... non, non, non. Car pendant qu'on empile moellons et mortiers, l'opinion publique marmonne... et réclame que des têtes tombent (déjà) en dédommagement du cataclysme urbain. 
Sa réputation le précédent, l'empereur Néron est rapidement pointé du doigt, d'aucun jugeant qu'il aurait intentionnellement déclenché l'incendie : caprice architectural, nettoyage par le vide, sadisme ou ennui profond, les raisons d'une telle trahison ne manquent pas à qui souhaite en trouver. Les théories du complot, après tout, ça ne date pas de Roswell. De nombreux auteurs, tels que Pline l'Ancien ou plus tard Tacite et Suétone, semblent eux aussi convaincus de cette théorie : Néron ayant notamment voulu se venger de la plèbe pour avoir pris parti pour Octavie contre Poppée (épouses successives de l'empereur... mais c'est une autre histoire...) 
Mesurant l'ampleur de l'hostilité populaire, Néron laisse accuser les chrétiens, boucs émissaires naturels, fraîchement établis et proliférant au sein de l'Empire, en particulier dans Rome. Le principal tort de la communauté, et de la religion qui la fonde, étant cette vilaine tendance à vouloir convertir des païens à tours de bras. Et détourner les citoyens du culte officiel n'est jamais vu d'un très bon œil chez les romains. 
Il faut dire également que quelques antécédents malheureux jouaient en leur défaveur : une émeute, accompagnée d'une tentative d'incendie, menée quelques années plus tôt, en 57 par une poignée de judéo-chrétiens ainsi qu'une seconde, éclatée en 62, dans le contexte de la répudiation d'Octavie... Notons également que l'Apocalyspe de saint Jean, rédigé quelques années plus tôt, prédisait la destruction par le feu de la ville aux sept collines... Bref, fauteurs de troubles, exaltés, oiseaux de mauvais augure et incendiaires, les chrétiens méritaient bien une petite vague de persécution, en guise d'avertissement, voire d'éradication si possible. 

Dernières prières des martyrs chrétiens, Jean-Léon Gérôme
1883
Walters Art Museum, Baltimore

Les arrestations se multiplièrent et avec elles les modes de châtiments : certains furent crucifiés ou jetés aux bêtes dans l'arène, d'autres subirent la mise à mort thématique de l'incendiaire et furent brûlés vifs
Enfin, pour l'anecdote, et contrairement à ce que retient la tradition chrétienne, les martyrs des saints Pierre et Paul ne seraient pas directement liés à cette vague de représailles au lendemain du Grand Incendie. Les persécutions de chrétiens au sein de l'Empire allant bon train déjà depuis quelques temps et ce jusqu'à l'adoption du christianisme comme religion officielle de l'Empire en 313 par Constantin. 

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